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ANI-MOT-LIRE
16 février 2006

LA PROMENADE EN LECTURE

La promenade en lecture


Il est important pour les enfants de se familiariser avec ce langage de l’écrit qui est celui des albums, des revues enfantines et des contes en écoutant très tôt et très souvent des histoires lues par les adultes.
Il est nécessaire pour eux d’extraire d'une histoire les éléments essentiels, d’aller à la découverte du sens, de dégager l’idée générale ou l’intention des personnages ou de l’auteur, de se poser des questions : pourquoi ? comment ? De faire la différence entre fiction et réalité, d'établir des comparaisons d’ordre culturel, entre auteurs ou thèmes traités…

La promenade en lecture c'est ce que fait le lecteur expert, naturellement, sans même y réfléchir, avant, pendant et après sa lecture et que l'on croit pour cette raison, que les enfants font par eux-mêmes, (certains le font en effet, mais pas tous), or c'est à tous que nous devons apprendre à partir à la découverte du sens, parfois caché, parfois pas explicité.

Car il leur faut pour parvenir au sens :

- savoir à quel type de texte on a affaire (documentaire, poésie, conte...), quel style d'écrit (familier ou soutenu, direct, indirect, administratif, publicitaire, tragique, comique...) car cela fait toute la différence et la question doit se poser avant même d'aborder le texte.

- prendre en compte le vocabulaire, la syntaxe, parfois plus complexes et peu connus du langage de l'écrit. "Parler sur l'écrit" permet d'en cerner le sens. Apparaissent alors les notions de synonymes, d'homonymes, des explications, des reformulations de certains enfants, l'adulte étant là pour guider la recherche.   

- savoir anticiper sur la fin des mots connus, mais aussi sur le sens des mots moins connus, sur la suite de la phrase, sur la suite ou la fin de l’histoire. Il faut pour cela avoir eu l’habitude de se poser des questions, d’émettre des hypothèses, de faire des prédictions, des déductions. Une simple vérification rapide par le code suffit alors pour enchaîner les mots au lieu de s'y attarder.

- se représenter les personnages, imaginer les situations, chercher à comprendre les relations qui les unissent ou qui les opposent, s’identifier aux personnages afin de se sentir davantage concerné. Trop souvent, les enfants se sentent en terrain inconnu dans des histoires qui ne les motivent pas suffisamment pour qu’ils se sentent impliqués et concentrent leur attention. Des histoires proches d’eux et qui touchent leur sensibilité ont beaucoup plus de chances de mobiliser toutes leurs compétences. Il est intéressant d’utiliser certaines revues ou petits livres, en plus du livre de lecture, car lire sur de vrais livres apparaît moins scolaire et plus « vrai ».

- savoir prélever et retenir les éléments essentiels à la compréhension de l’ensemble, sans se perdre dans les détails. Faire résumer une histoire est un bon moyen de ne conserver que l’essentiel, le ou les personnages principaux, la situation de départ, le changement survenu pour parvenir à la situation finale et le moyen d’y parvenir (à formuler ainsi, en deux ou trois phrases : « c’est l’histoire d’un garçon qui… »)

- dégager l’idée générale, donner un titre à une histoire, aux différents chapitres, en changer le titre pour faire apparaître l’idée principale en est un bon moyen

- mettre en relation : relations entre le titre, l’image de couverture ou les images successives et le texte, relations entre les personnages, les objets, les lieux, les événements, relations d’appartenance, de cause à effet… Il est nécessaire de mettre en relation ce qu'on lit avec ce que l’on sait, avec ce que l’on connaît, avec sa propre expérience.

- percevoir l’intention des personnages, de l’auteur derrière les mots et les phrases

- se poser les questions importantes : qui? avec qui? pour qui? et surtout pourquoi ? comment ? Pour combler le vide du non-dit.

- établir des « ponts » d’ordre culturel, en faisant des rapprochements, des comparaisons entre illustrateurs, auteurs traitant d’un même thème ou de thèmes proches mais différemment…en cherchant et en découvrant les références auxquelles il est fait allusion, références par exemple à des histoires ou des contes que l’on connaît…

Tout ceci est à prendre en considération et à aborder dès la maternelle sur l’objet livre et sur le langage de l'écrit, dans toute sa diversité, grâce à des histoires, des contes lues par l'adulte et dont on cherchera ensemble oralement à percer le sens caché, les raisons inexpliquées, le non-dit, les ellipses. 
Si toutes les activités décrites sur l’image, sur le langage oral, sur le langage écrit n’ont pas été menées en maternelle, les mettre en place dès le début du CP, parallèlement aux activités menées sur le code, permet un meilleur apprentissage de la lecture, et le poursuivre bien au-delà, au CE1 et au cycle 3.

J’ai appelé ce parcours de découverte du sens, « la promenade en lecture », à savoir que l’on part avec un projet, celui de cueillir ou de recueillir, en cours de route, des éléments, des informations, que l’on a prévu ou non et que l’on connaît plus ou moins bien, et qui nous ont été indiqué par le titre, l’image de couverture… Partant en promenade, nous nous fixons plus ou moins un but, celui de faire des rencontres, de découvrir des lieux, des éléments divers, d’être confrontés à des événements, attendus ou non, qui peuvent nous entraîner dans une autre direction que celle prévue et nous détourner de notre but initial. Nous prenons des repères tout au long du chemin pour ne pas nous perdre en route et nous faisons le point à l’arrivée.

Les enfants doivent savoir de la même manière où ils vont, ce qu’ils cherchent, pour ne pas se perdre en cours de lecture. Trop souvent, ils partent à l’aventure et ne peuvent répondre aux questions de compréhension qui ne leur sont posées qu’ensuite, la lecture finie, alors qu’ils n’ont pas su, dès le départ, sur quoi porter plus particulièrement leur attention.
C’est tout cela, que le lecteur expert fait, sans même s’en rendre compte et que les élèves doivent opérer, en début, en cours, et en fin de lecture.


La lecture ne doit pas être une fin en soi mais un moyen, celui de mieux connaître tout ce que les histoires,  les contes, les romans, les documentaires, les auteurs, les illustrateurs mettent à la disposition des enfants pour découvrir le monde et les autres dans toutes leurs richesses, pour se découvrir aussi, se trouver des centres d’intérêt … se centrer sur un thème et se concentrer sur une histoire, des personnages…

C’est tout un monde qui s’ouvre à eux, celui des livres et de la culture, que nous devons mettre à leur portée par l’analyse de notre propre fonctionnement face à l’écrit et face aux livres, afin de clarifier les difficultés, de mettre en place une véritable pédagogie « réparatrice », qui fait bénéficier ceux qui n’ont pas chez eux ce rapport à l’écrit, cette richesse des échanges autour du langage, des images, des livres et de l’écrit, de cette expérience, qui fait toute la différence.

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